Créer, oser, rebondir : 23 années d’entrepreneuriat avec Virginie, fondatrice des Carollaises.

Virginie, installée à Carolles, se définit comme une multi-créatrice. Depuis 23 ans, elle trace sa route avec détermination, créativité et liberté. Tapissière-décoratrice de formation, elle a lancé sa marque “Les Carollaises” en 2011. De l’atelier d’artisanat à la boutique estivale, en passant par une aventure entrepreneuriale à plusieurs, elle n’a cessé de se réinventer. Voici son histoire.

« Au début, je me suis sentie mal a l’aise avec cette notion de multi créatrice. Ça sonnait comme péjoratif. Comme ce n’est pas la norme, j’avais l’impression que ce n’était pas compréhensible des autres. Mais j’ai trouvé d’autres personnes qui faisaient comme moi. Je me suis dis « je ne suis pas seule et c’’est ok de créer dans plusieurs domaines. »

Après ses 6 années d’études, Virginie est tapissière décoratrice. Elle passe alors une année à Paris à apprendre beaucoup en passant dans divers ateliers.

« Ça a été une année, riche, mais je savais que revenais chez moi au bout d’un an. Je faisais beaucoup d’aller-retour. La vie parisienne ne me convenait pas. »

Elle s’installe à 22 ans dans son propre local à Carolles, malgré les mises en garde de son entourage.

“Pendant mes études, je savais que je ne trouverais pas facilement un post salarié. Pour moi, c’était intégré : j’allais m’installer. C’était naturel.”

Ce que je comprends avec Virginie, c’est que, de par le métier qu’elle a choisi, l’indépendance s’est imposée à elle. Elle ne s’est pas posée de questions sur sa légitimité. Son métier était ainsi. Son projet était de s’installer à son compte et de développer sa clientèle. Quand j’échange avec elle, je comprends tout de suite que c’est une personne qui va de l’avant et qui garde le cap dans ses projets, quoiqu’il arrive. Ce qu’elle imagine, elle le réalise. C’est sa force. Et ce, malgré (surtout à son installation) les mises en garde de ses proches ou de certains professionnels. Virginie a dû être autonome très vite. Elle est passée de lycéenne à adulte rapidement. La transition dans une période de jeune adulte ou on tâtonne un peu, elle ne l’a pas vécu. C’est elle qui a assumé sa scolarité et qui s’est débrouillée pour s’installer, trouver son local et ses premiers clients.

Pourquoi Carolles ?

« Je voulais m’installer sur la côte. Je suis originaire d’Avranches. Et pour moi, mes clients étaient sur la côte. À Avranches et à Granville, il y’ avait déjà des tapissiers à l’époque. J’ai trouvé que Carolles était parfait pour m’installer. J’ai trouvé un local. J’ai acheté les murs directement, car il n’y avait pas de droit au bail ni de fonds de commerce. »

Au moment où elle s’installe, la banque suit Virginie et lui octroie un crédit. Elle est également accompagnée par Initiative Avranches – Baie du Mont Saint Michel. Elle bénéficie d’un prêt à taux zéro.

« Au début, ce n’était pas évident. J’étais jeune et les gens étaient un peu méfiants dû à mon jeune âge. Mais j’étais sûre de moi et j’avais confiance en mon projet. »

Ce qui l’aide, c’est qu’elle se sent bien accueillie dans le village. Les personnes viennent la voir pour lui apporter des premières commandes. Et c’est comme ça que l’activité démarre. Au bout d’un an, elle agrandit l’atelier grâce à un local à côté qui est en vente. L’aventure continue.

« De 2002 à 2019. J’ai eu plusieurs apprenties, et des salariées. Avec ma dernière salariée, on s’est associé. »

Une envie de liberté créative - La naissance des Carollaises :

« En 2010, j’ai commencé les Carollaises. Je sortais de mon premier congés maternité. J’avais fermé deux mois. Les clients ont été moins présents. Ils ne voulaient pas me déranger, car j’avais mon bébé. Sauf que moi, j’avais 4 000 euros de charges et une entreprise à faire tourner. »

C’est dans cette période que Virginie a commencé à créer des créations en tissus. 

« Je manquais de travail donc j’ai commencé avec des trousses et des hirondelles avec du tissu liberty. »

C’est un carton dès le début ! Virginie commence à vendre à des habitantes du village, elle propose ses créations dans des ventes privées à domicile. Et elle se rend compte que ça fonctionne vraiment. 

« Ça a été mon déclic. Avec mon métier de tapissière, je faisais et j’honorais des commandes. Là, avec ce que je créais, c’est moi qui proposais et qui impulsais. Je me disais : ce qui me plaît à moi peut plaire d’autres ! »

Au début, Virginie propose ses créations dans la vitrine de son atelier. Les dames de Carolles sont au rendez-vous. Fidèles, soutenantes et bienveillantes. 

« Elles ont été mes premières clientes. Elles sont devenues mes amies. C’est pour ça que ça s’appelle les Carollaises. »

Lancement de la boutique et affirmation de sa marque

Très vite, ce projet en tant que créatrice lui donne une énergie et une envie incroyable. Elle dépose la marque et ouvre d’abord une boutique l’été, en 2011. Toujours dans Carolles. Ainsi, elle peut tester son activité. 

« Je retrouvais de la liberté et ma créativité. »

Pendant quelques années, elles mènent ses deux activités de front. À son atelier, avec des salariées puis Elise qui deviendra son associée en 2014. C’est en 2019 que Virginie vend ses parts sur son activité de tapissière et se lance à 100% dans les Carollaises. 

Le projet de vie à Carolles, entre boutique et lieu de vie.

En 2018, Virginie achète avec son conjoint la maison qui abrite aujourd’hui la boutique et les gîtes. Au début, trois gîtes sont en place. Mais le rythme est soutenu et intense. Elle a l’impression qu’elle n’a pas le côté plaisir avec les gens et qu’elle n’a que « les mauvais côtés » des gîtes. Tous les deux décident – après une belle saison – que la boutique pourrait prendre place au rez-de-chaussée à la place de l’un des gîtes. 

« À partir de ce moment-là, c’était cool. Je suis ici depuis 2019. »

Virginie crée tout au long de ces années les produits phare des Carollaises : 

  • Les accessoires de mode en tissu, adultes et enfant.
  • Les bougies parfumées.
  • Les illustrations de yoga/pilates.

« J’adore dessiner, mais sans projet, c’est compliqué. J’ai des créations que j’ai depuis le début. J’ai du mal à supprimer une création. »

Virginie a une vision équilibrée entre création et gestion d’entreprise. C’est ce qui lui permet de vérifier systématiquement la faisabilité d’un projet de création.

« La trousse, c’est vraiment un produit signature. Des fois, j’en vois dans des sacs de clientes, elles ont dix ans ! »

Quand elle ouvre sa boutique à Carolles, Virginie accueille très vite d’autres créations d’autres créteur.ices. Elle ne peut pas remplir l’espace avec toutes ses créations. Alors, elle fonctionne au coup de cœur et au gré de ses envies et de ce qu’elle repère. Elle étoffe sa boutique.

« Tout de suite à la boutique, j’ai eu envie de présenter d’autres créateurs. Ça fonctionne au coup de cœur. Mais je suis très orientée souvenirs d’enfance, ce qui provoque une émotion. Je suis incapable de prendre quelque chose que je n’aime pas. Même si c’est très tendance et que tout le monde en veut. »

Créer et travailler en duo ou à plusieurs, une autre dynamique.

« Quand j’ai commencé les trousses, mon mari s’est retrouvé au chômage. Il a fait le marché pour les trousses, mais aussi du tissus au mètre pour vendre de la matière première. J’achetais en grosse quantité et les clients achetait pour faire des nappes. Il a fait ça pendant un an et demi. Pendant ce temps, je complétais aussi mes ventes avec les marchés de Noël locaux. »

Virginie et son mari veulent une boutique ouverte toute l’année. En effet, celle de Carolles est ouverte uniquement pendant les vacances scolaires. Alors, au vu du succès des marchés et de la boutique de Carolles, ils décident d’ouvrir une boutique à Avranches.

« On s’est dit qu’on travaillait bien ensemble. On est allé plus vers l’enfant, car ça manquait à Avranches. Il n’y avait pas de boutique pour faire des cadeaux de naissance…C’était vraiment le concept store pour enfants et parents. »

Ça a été une période plus difficile pour Virginie. Travailler à deux en couple et sortir deux salaires, c’est un sacré défi. Il y avait beaucoup de charges.

« C’était compliqué et à la fois ça nous a servi, car nos enfants étaient petits donc on pouvait se rendre disponible pour eux. On avait plus de temps. »

Cette période de travail à deux a duré quelques années. Puis en 2023, ils ont pris la décision d’arrêter de travailler ensemble et d’arrêter la boutique à Avranches telle qu’elle existait. Virginie avait toujours le droit au bail et a lancé un projet dont elle rêvait depuis quelques années.

« Depuis longtemps, je voulais faire un regroupement de créateur.ices. Maison pétille est né. Ça permettait de porter le projet à plusieurs. On a ouvert fin mars 2024 sous forme d’association. »

Aujourd’hui, plusieurs créatrices sont donc présentes dans la boutique Maison Pétille. Un moyen pour Virginie de créer quelque chose ensemble et de continuer à vendre ses créations toute l’année.

« Avranches, c’est une place dynamique pour vendre. C’est une partie non-négligeable de mon chiffre d’affaires. Mais aujourd’hui, je veux me concentrer sur les Carollaises. »

L'envie comme boussole :

Je demande à Virginie si elle a eu des périodes de doute pendant son parcours.

Plus que des doutes, elle me décrit des périodes plus difficiles que d’autres oui, mais surtout elle retient que ces périodes lui ont toujours permis de rebondir sur un projet qu’elle avait en tête à chaque fois.

« L’après-covid a été plus dur finalement. Car pendant la période covid, il y avait beaucoup de soutien et de solidarité. J’ai énormément travaillé car les gens avaient une volonté de faire travailler les petits producteurs, créateurs… »

« L’après a fait plus de mal. À Avranches, je me souviens que les gens voulaient acheter que ce qu’ils avaient projeté. Il étaient devenus exigeants. 20 000€ de stock et les gens achetaient sur internet pour des détails. (coloris ou modèle très précis…) »

« Ce n’était pas forcément un moment de doute, mais j’ai senti qu’il y avait un changement. Ça m’a aidé à confirmer le choix de fermer la boutique d’Avranches telle qu’elle était devenue. Je m’étais mis à faire des marques tendance et du coup ça m’a desservi. »

Virginie m’explique qu’en rouvrant sous un autre modèle, en créant Maison pétille, avec la venue d’autre créateur.ices ça a stoppé net cette demande qui ne lui correspondait pas.

« Je n’ai jamais eu vraiment de moment de doute. Des moments pas agréables, oui, il y en a eu. Mais les doutes, je ne les vis pas mal, car je sais que ça me permet d’aller dans le projet suivant. J’ai confiance en mes créations et mes clients qui me suivent. »

« Ici, il y a une gentillesse qui me nourrit vraiment. Mon environnement est précieux et je me sens vraiment bien ici à Carolles. C’est un village auquel je suis très attachée. C’est un état d’esprit, la nature, la mer, les falaises, c’est tout ça. C’est presque une personne. Je fais partie des murs. »

Conclusion : croire en soi et tracer sa voie.

J’aime bien demander un ultime conseil ou une leçon pour toutes les personnes qui liront cet article, qui ont créé un projet ou qui ont envie de le faire mais qui hésitent, qui tâtonnent…

Ce que je retiens du partage de Virginie : avancer sans se comparer, croire en soi, et suivre ce qui fait sens pour soi.

« Croire en soi. Ne pas regarder les autres. Croire en son projet et regarder devant. Ne pas se limiter. »

« Quand je me suis lancée, je n’avais pas de peur. J’ai toujours foncé. Je ne me suis jamais attardé sur ce que les autres faisaient. Ça glisse. Je ne m’en occupe pas. J’ai toujours fait ce que j’avais envie de faire. »

Pour terminer :

Virginie me confit qu’elle a des idées plein la tête pour continuer de faire avancer les Carollaises.

Une nouvelle création pourrait être en préparation… à suivre !

À travers ce témoignage, Virginie m’a rappelé qu’une seule voie compte. C’est la tienne. 
 
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Si vous voulez découvrir l’univers de Virginie, foncez sur sa page et allez faire un tour aux Carollaises. 

À bientôt pour un nouvel article ! 

Marine – Objectif futur 🚀

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